« Il fait quand même frisquet la nuit à 4000m! »
Inutile de le cacher, la raison principale de notre visite à Huaraz était le fameux trek de Santa Cruz, dans la cordillère blanche. De nombreuses agences proposent ce parcours de quatre jours en groupes plus ou moins grands, avec guide, porteurs et ânes qui s’occupent de transporter tout le matériel, monter la tente et cuisiner (oui oui, les ânes cuisinent). Bref, à nouveau trop d’organisation à notre avis (on apprendra par la suite par d’autres trekkeurs que certains dormaient à trois dans une tente à deux avec des inconnus, que les sacs de couchage n’étaient pas toujours adaptés, etc.). Nous décidons donc de faire le trek en totale autonomie, c’est à dire en portant tout le matériel tout seuls comme des grands, y compris les provisions pour les quatre jours, car il n’y a évidemment aucun magasin/restaurant dans le parc national, juste des rivières pour remplir les bouteilles d’eau (après l’avoir filtrée bien entendu).
La veille du grand départ nous décidons de rejoindre la petite ville de Yungay, depuis laquelle il faudra prendre un combi (mini-bus) à 7h du matin pour rallier Vaqueria, à savoir le départ du chemin, en un peu plus de trois heures. Il est aussi possible de débuter le trek depuis Cashapampa, mais cela aurait impliqué env. 1000 m de dénivelé positif supplémentaire. Nous avons donc choisi la « facilité ».
Yungay
L’histoire tragique de cet endroit nous aura marqué : lors du tremblement de terre de 1970, un bout de glacier du fameux Huascarán, à savoir le point culminant du Pérou à 6768 m, surplombant la ville, a provoqué une avalanche de pierres qui a complétement recouvert l’endroit en enterrant pratiquement tous les habitants (env. 20’000). Uniquement un petit nombre de personnes a survécu à la catastrophe en se réfugiant sur la colline abritant le … cimetière. La ville a été reconstruite un peu plus loin, alors que l’ancien site est devenu une sorte de parc, appelé Campo Santo, avec plein de roses multicolores, les restes de l’église (dont la façade a été reconstruite), quatre palmiers faméliques qui étaient sur l’ancienne Plaza de Armas ainsi qu’un tas de métal qui était auparavant un bus. Autant vous dire que ça fait froid dans le dos de marcher à cet endroit.

Mais revenons au présent : confortablement assis dans un combi en provenance de Huaraz, un « touriste » s’assied à coté de nous et nous demande d’où nous venons comme tout le monde pour débuter une discussion. Il se trouve que ce touriste s’appelle Marco et est italien (le premier rencontré en voyage !) et qu’il ne fait pas du tourisme, mais est en mission à Yungay en travaillant avec des jeunes défavorisés dans une menuiserie. Cinq minutes plus tard, il nous avait déjà invité chez lui pour passer la nuit et partager le souper avec sa famille (Giulia et leurs quatre enfants). Nous passons alors une belle soirée de partage, avec des chants et des prières, aidons à faire la vaisselle (Melanie) et à décharger du bois (Claudio), avant de nous coucher tôt pour le grand départ du lendemain.
Yungay-Vaqueria
Le trajet en combi sera long et cahoteux, mais impressionnant ! Avec quelques locaux et trois autre couples souhaitant faire le trek en autonomie (deux français et un allemand), nous entamons la route (ou chemin en terre, c’est selon) jusqu’au point de contrôle du parc national. Après avoir montré nos droits d’accès de 21 jours achetés lors de la sortie à la laguna 69, c’est reparti sur un trajet des plus vertigineux. Vue d’en haut, la tremola, ancienne route du col du St-Gotthard, n’est rien comparé à cela ! Des lacets à en plus finir et Melanie qui dort ! Une fois passé le col, nous redescendons de l’autre coté et arrivons bien secoués au point de départ, Vaqueria, où nous nous accordons un petit thé avant d’entamer la première étape.

Jour 1
Vaqueria – Camp 1
Départ 3770m, arrivée 4000m, Dénivelé -300m , +530m, 16 km.

C’est à 10h30 que nous commençons la descente vers Colcabamba, sur un sentier entre les champs et les fermes… Peu à peu le chemin remonte et nous arrivons à l’entrée du parc national Huascaran, pour s’inscrire et faire tamponner nos tickets.

Au revoir civilisation ! Nous continuons la montée en douceur et traversons plaines verdoyantes, passons à côté de ruisseaux scintillants et découvrons la flore intacte de ces paysage andins. Puis les sommets enneigés de la cordillère blanche se dessinent à l’horizon, tels de majestueux gardiens veillant sur leurs terres.

Arrivés au camping supposé de Paria, nous décidons de continuer encore un peu pour trouver le camping suivant. C’est sans compter la fatigue qui nous incite à nous arrêter et à planter la tente. Il est 16h, nous sommes déjà à l’ombre, l’humidité règne et nous comprenons qu’il va faire froid ! Sans attendre, la tente montée, l’heure du souper approche. Au menu, soupe instantanée de pâtes asiatiques (trop bon) et thé chaud. Autant vous dire qu’à 18h 30 tout est plié, il fait nuit et nous sommes déjà au chaud dans nos sacs de couchage en plume. Donc, 12h de nuit à faire passer, il en faut de l’imagination pour tuer le temps… Une partie de cartes plus tard, nous sommes déjà fatigués et éteignons la lumière. But de la nuit : réchauffer les pieds et dormir. Nous nous endormons assez facilement, avec juste le nez qui dépasse.

Jour 2
Camp 1 – Col Punta Union – Camp 2
Départ 4000m, arrivée 4150m, dénivelé +750m, -600m, 11 km.
La nuit fut froide (-3°C dans la tente, encore moins dehors), nous le remarquons au réveil quand nous voyons la tente givrée et que l’eau gèle instantanément lorsque nous faisons la vaisselle… Un petit déjeuner plus tard (avoine, chia, maca, fruits secs, sucre, cacao et lait en poudre mélangés à de l’eau chaude), nous voilà repartis pour la montée vers le col de Punta Union à 4750m. Bon, ça grimpe un peu plus que la veille, jusqu’à une plaine avec lagunes à 4400m où nous nous accordons une pause snack en observant la montée jusqu’au col. Ce ne sont pas les 350m qui devraient nous faire peur, seulement nous sommes bien chargés, la montée est raide et l’altitude n’aide pas vraiment.

Finalement après une bonne heure et demie de souffrance, nous arrivons au col et savourons la vue exceptionnelle sur les sommets environnants et la lagune bleue en contrebas. C’est époustouflant et nous décidons donc de dîner ici. Et là, c’est le drame ! Nous ne savourons, par contre, pas du tout les sandwiches, d’ailleurs préparés avec amour la veille. Imaginez, des miettes de sardines (y compris les arrêtes) bien goûtues, mélangées avec mayonnaise et tomates, le tout dans du pain sucré (les sardines devaient être une alternative à l’éternelle boîte de thon et le pain n’était pas sensé être sucré). Beurk. Le chien qui a suivi un groupe et qui traîne par là en aura eu pour son effort, il a gagné nos sandwiches. A défaut de se remplir la panse, nous faisons sécher la tente avant de descendre.


La descente est jolie, nous passons près de la lagune avant d’arriver au camping. Là, nous voyons que l’endroit est bondé de groupes, et malgré la fatigue qui pointe, nous décidons de continuer un peu pour être tranquilles. Une demi-heure plus tard, nous trouvons un joli petit endroit en pente et montons la tente. Le soleil est encore de la partie et le sol est sec. C’est tout content que nous mangeons notre toute petite ration de quinoa avant de… rentrer dormir ! Il est 18h et la nuit tombe. Pour tuer le temps, nous jouons encore aux cartes et discutons de notre sujet favori (la nourriture) avant de passer la tête par la porte de la tente et d’admirer le ciel étoilé. (moment lyrique : on) Un spectacle grandiose, la voie lactée relie les sommets en traversant le ciel, la croix du Sud indique le Sud, les constellations inconnues se dessinent… (moment lyrique : off)

Jour 3
Camp 2 – Lagune Quitacocha – Camp 3
Départ 4150m, arrivée 3850m, dénivelé +270m, -570m, 18 km

La nuit fut affreuse (pente + rhume de Melanie + vent + Claudio qui ronfle allègrement), bien que moins froide que la précédente. Après le petit déjeuner identique à la veille, la reprise est plus difficile. Nous décidons de faire un détour dans une vallée latérale pour aller voir la lagune Quitacocha. La montée finit de nous réveiller et nous arrivons au mirador de l’Alpamayo (la fameuse montagne de Paramount Pictures). C’est face à elle que nous remontons la vallée pour arriver au camp de base de l’Alpamayo.

Là-bas nous pouvons déposer nos sacs pour monter jusqu’à la lagune, et c’est presque en sautillant les épaules déchargées que nous arrivons au bord de l’eau. Le glacier d’en face plonge dans les eaux turquoises, les sommets couronnent le lieu, c’est vraiment magnifique !

Petite pause snack dans le vent et nous décidons de redescendre, la route est longue jusqu’au prochain campement et il est déjà 11h. Nous redescendons par le même chemin et rejoignons la vallée principale qu’i s’est transformée en plaine désertique sur quelques kilomètres.

Un sandwich (au thon cette fois) plus tard, nous entamons la fameuse traversée du désert. Le vent souffle de dos (heureusement) et le sentier s’efface pour ne laisser la place qu’à une étendue de sable blanc. Au bout du désert, une lagune. Entre deux, un parc à vaches clôturé. Nous décidons de passer à droite, erreur, nous faisons un détour. Bon c’est joli, on ne va pas se plaindre! Ensuite nous longeons la lagune et faisons trempettes avec les pieds, l’eau ne doit pas dépasser les 5-6 degrés ! Le chemin continue sa descente, entre prairies marécageuses où paissent les vaches et les chevaux sauvages. Finalement le camping arrive en ligne de mire et évidemment il est déjà bondé. Nous nous arrêtons un poil avant pour notre troisième et dernière nuit.

Ce soir, festin ! Pâtes à la sauce tomate et au thon. Et chacun va manger à sa faim ! Tant mieux car la nuit va une fois de plus être épique… Dodo vers 19h30 après la sempiternelle partie de carte.
Jour 4
Camp 3 – Cashapampa
Départ 3850m, arrivée 2950m, dénivelé -900m, 10 km

Après la nuit passée à se moucher à cause de ce satané rhume, « réveil » à 4h du matin pour Melanie, qui se retrouve les fesses par terre à cause du matelas qui se dégonfle. Outrée et énervée par ce matériel pourtant neuf qui ne tient pas la route, je (Melanie donc) ne me rendormirai que vers 6h… Ayant pitié de sa pauvre petite moitié au nez tout rouge, Claudio prépare le petit déjeuner, que nous pourrons déguster au soleil, vive l’emplacement bien orienté ! Une fois les affaires pliées, on commence à être rôdé, place à la descente jusqu’à Casachapampa, à une petite dizaine de km.

Si le début de la descente se déroule en douceur le long du rio, malgré un chemin de pierres et de sable, le dernier tiers met à rude épreuve les genoux ! On est tout de même content d’avoir fait le trek dans ce sens, la descente est vraiment pénible…
Il est 11h quand nous arrivons dans le petit village et il ne nous faut même pas 10 minutes pour trouver un colectivo qui va nous redescendre vers Caraz. Il faut savoir que toutes les voitures dans ce coin sont des Toyota Corolla break avec des suspensions très souples. C’est donc en 1h de rallye sur des routes en sable que nous arrivons à la gare routière de Caraz où un minibus nous ramène directement à Huaraz. C’est tout poussiéreux, les lèvres brûlées mais les yeux remplis de belles images que nous finissons ce superbe trek de quatre jours.
Maintenant, douche et repos avant le réjouissant trajet de nuit de 8 heures vers Lima. Spoiler: le trajet aura été merdique désagréable.
AH les sandwich avec pain sucré!!! miam-miam… Vous allez vous retaper avec de bon petits plats comme je vous connais. Soigne ton Rhume ma chérie. Paysage magnifique très belles photos et toujours votre pointe d’humour…BRAVO! BISOUS Maman Evelyne
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Complimenti per il coraggio che avete. L’importante che alla fine sia sempre pagante e, leggendo l’articolo mi sembra il caso.
Le foto, come sempre, eccezionali.
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