« SurpRICE ! »
Le trajet de Bagan à Pyin Oo Lwin se fait en bus puis en taxi collectif et nous arrivons en fin de journée dans cette petite ville perchée en altitude, il fait frais et nous passons la nuit dans un petit hôtel avant de prendre le train le lendemain. Le trajet s’annonce long, mais nous aurons l’opportunité de passer sur le viaduc de Gokteik. Le trajet est à la hauteur de nos espérances, le train est bringuebalant à souhait et ne dépasse que rarement le 20km/h.


Une fois sur le viaduc, nous admirons le vide vertigineux en dessous de nous et savourons la vue magnifique ! Le reste du trajet est moins intéressant surtout qu’au bout de six heures nous ne sommes encore à deux heures de notre but et avons mal aux fesses…




Nous arrivons donc à Hsipaw en fin d’après-midi, complètement fourbus par ce trop long trajet. Une fois dans notre hôtel, nous rencontrons un guide local : nous désirons en effet faire un trek de trois jours dans la région et un guide est indispensable. La zone est encore souvent le théâtre de conflits entre les différentes armées présentes sur place, des zones entières sont minées et la situation peut changer à tout moment. Quel est l’intérêt donc ? En choisissant un guide local de l’ethnie Shan, nous soutenons ces populations tout en pouvant visiter la région et rencontrer les locaux. De plus nous serons logés chez l’habitant et ce sont des familles et donc des villages qui seront directement rémunérés. Nous avons fait attention à notre choix car bien sûr il y a déjà quelques agences moins scrupuleuses qui on flairé le filon et qui ramassent la plupart des backpackers en proposant des prix de randonnées nettement plus intéressants…
Nous allons donc partir en petit groupe avec notre guide et un autre couple que nous rencontrerons le lendemain.
C’est avec un peu d’appréhension que nous démarrons le lendemain car le temps est brumeux et il fait frais. Nous faisons la connaissance de Marcela et Jirka, deux tchèques fort sympathiques qui voyagent aussi durant une année.

Notre guide nous rassure, il suffira de monter un peu pour que le soleil perce la couche de brume… Non commençons donc gentiment notre trek en passant quelques maisons et en écoutant les explications de notre guide sur les us et coutumes, les plantes et le mode de vie des Shan. Nous sommes ici proche de la frontière chinoise et les relations entre la minorité Shan et le gouvernement ne sont pas au beau fixe. Malgré de nombreuses explications, il nous est difficile de comprendre tous les tenants et aboutissants des conflits. Retenons que la minorité elle-même est divisée et qu’il y a de nombreuses milices Shan différentes, qu’il y a des zones de culture du pavot pour la drogue, que le gouvernement ne fait rien pour calmer le jeu et tout ceci indique la complexité de cette région, complexité qui peut être rapportée à l’ensemble du pays.



La journée se poursuit et le soleil brille maintenant… Nous testons l’engin pour retourner la terre, importé de chine, nous croisons une araignée géante (qui se mange !) et partout des sourires… A chaque fois que nous nous arrêtons, on nous propose du thé et même si notre guide traduit quelques propos, le contact passe par des gestes, des regards et des rires. La pause de midi est tardive (14h) et nous sommes affamés ! Au menu : riz, différents légumes, omelette et soupe. C’est délicieux ! Heureusement, car nous allons manger le même type de repas pendant trois jours !




Nous poursuivons notre route qui passe dans les montagnes, croisons le tiger fruit (« don’t touch it ! Too late… ») qui a laissé des poils urticants sur la main de Claudio, visitons une école où on nous chante des chansons et arrivons dans le village où nous allons passer notre première nuit. Après plus de 20 km nous sommes contents de nous poser près du feu de camp avant le rizpas et la couchette sommaire qui nous attend dans la maisonnette en bois. La nuit sera excellente, hormis le réveille-matin à 4h30, soit les deux coqs qui on trouvé la meilleure position, juste derrière la paroi de la chambre de nos compagnons de route…




Le lendemain, après notre déjeuner riz-légumes-poisson frit, nous prenons la route. Nous ne tardons pas à passer un check point. Les soldats, pour la plupart des jeunes hommes voire des gamins, arborent des demies tenues de camouflages et des fusils de chasse à crosse en bois. Pour la pause thé, nous arrivons dans un village… Nous n’avons pas croisé un seul touriste depuis notre départ et notre guide nous le confirme, ces régions ne voient pratiquement aucun touriste passer. Nous avons loisir d’observer les gens et les soldats, qui somme tout sont des gens comme les autres, avec un uniforme en plus. Il y a vraiment des gamins parmi eux, c’est une réalité dont on se serait bien passée mais elle est là.



Vers midi nous débarquons dans le village le plus éloigné de notre tour, là nous sommes littéralement des extraterrestres. Les gens s’arrêtent et nous regardent passer, tous sans exception. Les enfants sont les plus drôles, ils restent à distance et nous observent, avant de rigoler et de continuer leurs histoires.




L’après-midi sera consacré à la descente-montée-descente vers le dernier village où nous allons passer la nuit. A notre arrivée après notre marche de 20 km, un accueil de roi avec cigares, thé et Jaggery (sorte de caramel) pour profiter des derniers rayons du soleil couchant dans une chaise longue en bambou. Cette fois, nous méritons une bière et profitons de la longue soirée à faire des blagues avec le mot « rice ». Car oui c’est déjà le cinquième repas de riz !


Le lendemain est consacré à la descente vers la vallée et nous commençons à croiser des groupes de touristes. Les villages deviennent plus grands et finalement nous rejoignons un route où nous attend l’espèce de camionnette qui nous amènes aux hot springs. L’idée d’un bon bain chaud nous réjouit mais nous déchantons vite fait quand nous voyons deux bassins en béton à l’eau douteuse où tous les locaux viennent se laver. Nous passons notre tour et allons dîner. Cette fois pas de riz ! Mais une soupe de nouilles Shan, ça change agréablement…

L’heure est venue de dire au revoir à notre guide et à nos nouveaux amis, que nous retrouvons tout de même le soir pour un dernier verre au bord de la rivière.

Le lendemain, nous partons de bonne heure pour arriver à Mandalay, ville qui ne nous charme pas vraiment avec sa circulation incessante et son état poussiéreux. Il faut dire que nous sommes aussi fatigués et nous passons la fin de l’après-midi à boire quelques bières et à nous régaler de crêpes au pois chiches dans un beer garden proche de l’hôtel.


Lorsque nous débarquons dans l’aéroport neuf le lendemain, nous ne sommes même pas surpris d’y trouver seulement une vingtaine de personnes… Décidément la Birmanie est encore bien loin des grands hubs touristiques !

Nous avons adoré notre incursion en territoire Shan, à la découverte de la population et de la culture… Nous avons aperçu un autre aspect de la Birmanie et surtout compris à quel point le pays est en proie a de complexes problèmes entre les différentes ethnies et un gouvernement encore incapable d’exercer une démocratie… Le prochain défi des birmans sera de changer la constitution qui a été mise en place par la junte militaire car sans cela, impossible de fonder une démocratie sur une base solide. Nous espérons de tout cœur qu’il soit un jour possible de visiter une Birmanie en paix, mais le défi est colossal.
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Magnifique récit et images de toute beauté – merci!
Bonne continuation … Énormes becs fribourgeaois 😘 🙋 B.
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