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« Ok, personne ne parle anglais… »

Après une journée de train en hard seat parmi les chinois très curieux de nous voir, nous arrivons dans la ville de Jingbian, mentionnée dans nul guide. Mais que faisons-nous là? Il se trouve qu’il y a des formations rocheuses rouges pas si loin et nous avons décidé de nous y rendre.

En sortant de la gare, nous comprenons assez vite que le touriste blanc, sac au dos, n’est pas monnaie courante, en tout cas à cette saison. Les chauffeurs de taxis nous poussent littéralement dans leurs voitures et nous avons bien de la peine à faire comprendre où nous devons nous rendre. Croyez-le ou non, c’est parti pour 48h où nous ne croiserons personne qui parle un mot d’anglais…

Nous entrons dans la ville, qui paraît complément surdimensionnée, avec boulevards géants et immeubles à perte de vue alors que nous sommes géographiquement au milieu de grandes plaines arides et désertiques.

Lorsque le chauffeur nous dépose plus ou moins à côté de l’hôtel, en nous ayant donné son numéro au ca où, ça nous fait une belle jambe. Tout est écrit en chinois et le numéro de l’immeuble ne correspond pas à l’hôtel. C’est donc parti pour la recherche de l’entrée dans une rue ou il n’y a qu’un restaurant ouvert. Les personnes à qui nous demandons veulent toutes nous aider mais personne n’a l’air de rien comprendre à notre réservation booking. Qui plus est, nous n’avons pas de photos de l’hôtel ni son nom en chinois. Apres une heure est plusieurs appels donnés par plusieurs personnes nous trouvons l’hôtel qui était à 50m mais qui ne ressemble pas à un hôtel. L’hôtelier nous regarde avec des yeux ronds, il ne s’attendait pas à nous voir et n’a même pas l’air de savoir que son hôtel est sur booking.com.

Après avoir pris nos quartiers, nous revenons dans le restaurant car le tenancier n’a pas manqué de nous dire de faire appel à lui si besoin. (Il a une application qui traduit plus ou moins le chinois en anglais.) Ca tombe bien, on aimerait une carte SIM chinoise. Ni une, ni deux, on se retrouve dans la voiture d’un type qui nous amène en ville dans un magasin. La le vendeur nous propose une offre super, par chère (2000Go de données pour 15CHF) ! Seul problème, son lecteur magnétique ne fonctionne pas et impossible d’enregistrer nos passeports. Tout dépité, notre chauffeur improvisé nous ramène au restaurant où nous faisons péter les bons petits plats, histoire de remercier le tenancier. Raté pour la carte SIM mais on comprend que ces gens sont vraiment incroyables de dévouement!

Le lendemain nous faisons appel (toujours avec un intermédiaire qui a un téléphone en état de marche) à notre taxi pour nous rendre à Longzhou voir les formations rocheuses. Le prix négocié un peu élevé mais bon, on est ici alors allons-y! Après être entrés dans le taxi, le chauffeur nous file des bouteilles d’eau et des gâteaux! Nous n’en croyons pas nos yeux… La dernière fois que nous avons rencontré des gens si gentils et généreux c’était en Polynésie!

Nous arrivons sur place et donnons rendez-vous plus tard à notre chauffeur. Place à la découverte !

Le site est étonnamment gratuit, un bon point pour commencer. Des escaliers et passerelles qui descendent sur les falaises rouges érodées de façon artistique, c’est vraiment magnifique, on dirait des tableaux ou des sculptures abstraits, même si le soleil n’est pas au rendez-vous… Nous descendons vers un lac vert qui contraste superbement avec les pierres rouges et malgré le vent frais, le soleil réchauffe un peu l’atmosphère.

Quelques arbres nus et des herbes jaunes viennent habiter cette vallée déserte. Nous sommes vraiment contents d’avoir fait le chemin jusqu’ici d’autant plus que les touristes sont rares. Justement, les rares touristes chinois de la région (et non des affreux groupes organisés) sont complètement fascinés de nous voir ici et nous enchaînons les photos/selfies.

Nous remontons par le chemin emprunté pour continuer dans la vallée, sur les fameuses passerelles. Nous nous engouffrons entre les roches formant des gorges avant de remonter observer le panorama depuis le haut. Cet endroit est décidément superbe et désert ! Nous avons un peu d’avance sur le rendez-vous avec le taxi alors nous profitons de jouer aux cartes, avec public bien évidemment. Finalement notre taxi arrive, avec une heure d’avance, et nous ramène à notre hôtel. Nous lui donnons rendez-vous un peu plus tard pour nous amener à la gare.

A l’hôtel, nous avons déjà fait le check out, et nous nous posons dans le couloir glacial afin de travailler un peu. L’hôtelier qui ne parle pas anglais a pitié de nous et nous redonne notre chambre, pourtant nettoyée, gratuitement ! Nous hallucinons mais reprenons nos quartiers, sous le duvet pour être au chaud. Un peu plus tard, un « interprète » avec application qui traduit le chinois à l’anglais et vice-versa, frappe à notre porte : l’hôtelier aimerait nous inviter à souper. Nous acceptons de bon cœur mais avec un peu de gêne en mentionnant notre régime végétarien (anti-tripes, pour être précis). Nous finirons la soirée entourée de toute la famille, en toute simplicité autour d’une table avec nos bols et nos baguettes, un moment d’échange particulier et très fort dont nous n’avons aucune photo souvenir, malheureusement.

Plus tard, nous prendrons le taxi pour la gare avec photo souvenir cette fois devant la réception. L’hôtelier à l’air vraiment triste de nous voir partir si vite et nous le sommes aussi. Nous avons appris, grâce à notre interprète, que nous étions les premiers étrangers qu’il accueillait dans son établissement… C’est un sentiment étrange, nostalgique, qui nous habite lorsque nous montons dans le train en quittant Jingbian, la ville sans âme et surdimensionnée, construite au milieu du désert à côté d’une raffinerie de pétrole mais habitée par des gens fantastiquement serviables et gentils.

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